Ah mais nous sommes encore bien loin de la vérité en ce qui concerne ces sacrées mouches !
Tout à commencé lors d'une longue ballade au Mont La Fumée, alors qu'un bout de bois en forme de pyramide eut l'idée saugrenue de visiter ma rotule, en usant de cette fameuse technique dite du "Décapsuleur".
Si la fin de la ballade vira en une nausée encouragée par les aboiements des chiens majongs, les soins et les conseils avisés d'un touriste, enfin un médecin (parait-il), dont l'intégrité synaptique semblait assez discutable sur le moment, ou encore dont le pont levis ne semblait pas atteindre les douves.. me firent donc comprendre que j'allais en chier grave-sa-mère pendant quatre jours.
Je fut bien ulcéré et impuissant quand le lendemain de ma mésaventure, Chacruna et Tomlimp prirent le large en direction du légendaire Carbet Maïs.
Je me retrouva donc seul dans la cabane au fond du jardin 18+; avec du Tim Powers, un genou multicolore, des moustiques et les hurlements industriels des cigales géantes tropicales toujours semblant à deux doigts d'exploser dans les arbres.
Il y avait pourtant quelque chose d'excitant à ce retrouver seul là comme ça, isolé du groupe, blessé... Une sensation authentique de vulnérabilité éveillant instinctivement vos sens en quête d'un éventuel danger.
Et c'est là que ça devient intéressant; parce-que l'envie de pousser cette grisante fascination me parut assez irrésistible...
=> Direction BOEUF MORT ! "un truc pas loin" - "Suivez les panneaux"
Sauf que le Lezardpudding était plus pudding que lézard. Boiteux, il emmena une réserve d'eau au moins aussi discutable que les synapses du medecine-mec cité plus haut. Pas de boussole, pas de machine à donner l'heure et encore moins de réserve de nourriture..ah si, des algues lyophilisées, le seul truc qui n'alourdissait pas trop la troisième patte de bois du flan en vadrouille.
[Bon, c'est là que je vais sauter le passage du quad au pépé enlisé, du pécari sournois qui aime faire des blagues aux promeneurs en leur hurlant dessus au dernier moment avant de détaler à toute vitesse vers sa prochaine planque... Pour passer directement à] :
Approximativement 5 heures plus tard.............
"Il est où ce putain de layon ?...Pourquoi ça descend comme ça ?...J'étais pas censé faire une boucle par la droite à un moment ? C'est que je commence à fatiguer un peu quand même...C'est vraiment mal entretenu dans le coin dis donc !...hm-hm...oooh la jolie araignée ! clic clic !"
Au final, la ballade était sympathique, même si je pensais de plus en plus à rebrousser chemin certain de m'être planté quelque part et que je n'avais pas envie de me risquer un jungle-freestyle-nocturne dans mon état. Sauf que voilà; après une belle descente abrupte, glissante et à l'odeur de cochon sauvage indiquant au mieux une flaque pleine de merde, un gros tronc d'arbre marqué d'une encoche de marquage faite à la tronçonneuse formait avec la végétation buissonnante un balcon légèrement surélevé, donnant sur une vue herbacée et humide du parfait petit marécage.
"C'est forcément par là !" Se dit il... Ben voyons !...Allé, un pied, deux pieds, oui oui il le fait, eeeet hooop on s'enfonce ! On se rue dans les brancards ! C'est magnifique !.. Petit moment de panique donnant un regain de courage pour s'extraire des emmerdements; on se hisse comme un morse sur la banquise, on se redresse en s'appuyant de toute sa détresse sur son bâton de marche => QUI CRAQUE !.. Un débris est alors propulsé avec violence dans un épais couvert feuillé.
...Jusque là, tout va bien...
(ou pas).
"AAAAAhhh ! Putains de Taons !..." (Le lézardpudding couvert de vase est très vulgaire).
Oui...enfin un Taon, pure spéculation. Après un mollasson regard circulaire, la chose vint se placer devant moi pour que je l'examine. Un Taon vraiment ? Ce déhanché sans fautes ?.. ce dandinement calculateur ?... "Toi, t'es pas un Taon".
En quelque secondes je 'dé-saoulait' de ma récente résurrection et repris conscience de mon corps. L'assimilation de l'identification d'un hyménoptère volant non identifié me fit mieux sentir l'oedeme gros comme une mandarine qui venait de me pousser derrière la cuisse. A cette délicieuse sensation un frisson d'effroi vint presque immédiatement s'ajouter le long de mon échine, quand jetant un rapide regard vers ma droite, je vis le reste de l'escadron.
Une trentaine d'individus, en parfaite formation aérienne statique fixaient l'être de chair suant à grosses gouttes et exhalant une effluve certainement très peu discrète...
A ce moment là, l'idée qui me traversa l'esprit était que le plus ignare des stratèges aurait compris que l'émissaire envoyé sur ma cuisse n'était qu'une manière polie de me renseigner sur la diplomatie locale.
Mon cerveau prit donc l'excellente initiative de m'envoyer le shoot d'adrénaline de ma vie, qui me permit entre autre de prendre congé d'une manière assez peu gracieuse (mais ô combien efficace) de mes nouveaux amis, et aussi de retrouver le layon les yeux fermés.